La chirurgie du ligament croisé postérieur

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Introduction

Le ligament croisé postérieur s’insère dans l'échancrure intercondylienne fémorale et au niveau du plateau tibial. Avec le ligament croisé antérieur, le ligament croisé postérieur constituent le pivot central du genou.

Son rôle est d'empêcher la translation postérieure du tibia par rapport au fémur.
Les ruptures du ligament croisé postérieur sont rares, il résulte d'un traumatisme violent avec choc antérieur direct sur le tibia, comme lors des accidents de la route avec recul du tableau de bord sur un genou fléchi.
Les ruptures du ligament croisé postérieur peuvent aussi se voir lors des traumatismes sportifs à haute énergie.
 

Modalités

Cliniquement les patients présentant une rupture récente du ligament croisé postérieur présent un genou douloureux, avec une importante hémarthrose, et limitations fonctionnelles majeures.
Cependant, ces symptômes disparaissent avec le temps.

Au stade chronique, la rupture du ligament croisé postérieur est souvent bien tolérée, malgré la présence de douleurs et d'une instabilité du genou en flexion.

Le diagnostic est clinique, votre chirurgien recherchera une instabilité en créant un tiroir postérieur qui permet d'affirmer la rupture du LCP. Cet examen est bilatéral et comparatif.
À l'issue de cet examen clinique votre chirurgien vous prescrira une I.R.M. afin de confirmer ces lésions, et de rechercher des lésions ligamentaires, méniscales, chondrales et osseuses associées.

Le traitement d'une rupture du ligament croisé postérieur est avant tout fonctionnel, il n'existe que de rares cas qui nécessitent une prise en charge chirurgicale en urgence.
Dans un premier temps, votre chirurgien vous prescrira une kinésithérapie de rééducation pour renforcement quadricipital et obtenir un verrouillage du genou efficace.

L'indication chirurgicale d'une ligamentoplastie du ligament croisé postérieur est portée chez des patients présentant une instabilité majeure avec une impotence fonctionnelle dans les activités de la vie quotidienne et sportives.

Il s'agit d'une intervention chirurgicale plus complexe que la ligamentoplastie du croisé antérieur. Elle nécessite une hospitalisation de trois à cinq jours dans le service et une convalescence pour rééducation pendant trois mois.
 

L’intervention

L'intervention est réalisée sous anesthésie générale avec mise en place d'un garrot pneumatique. Elle est réalisée sous arthroscopie et dure en général 60 à 90 minutes.
Tout comme pour le ligament croisé antérieur les modalités chirurgicales sont nombreuses par la variété du transplant utilisé:

  • Technique de greffon par tendon rotulien avec prélèvement de deux baguettes osseuses rotulienne et tibiale.
  • Technique de greffon par prélèvement des tendons ischio-jambiers(DIDT).
  • Utilisation de ligaments synthétiques.

Un tunnel tibial et un tunnel fémoral sont réalisés sous contrôle de l'amplificateur de brillance en peropératoire. Le positionnement du greffon ne tolère aucune approximation pour obtenir de bons résultats sur le contrôle de l'instabilité et sur la fonction.

Les soins de suite postopératoires comprennent des soins pansements réalisés tous les deux jours par une infirmière jusqu'à cicatrisation complète, un traitement antalgique et anti-inflammatoire, et une kinésithérapie pour entretien des mobilités articulaires du genou. La douleur postopératoire est contrôlée par blocs nerveux, diminuant ainsi la consommation d'antalgiques classiques.
Les patients présentent en général des douleurs très légères qui ne nécessitent pas plus que du paracétamol.


Quelque soit la technique utilisée, la reprise de l'appui est autorisée immédiatement sous couvert d'une attelle articulée anti-tiroir postérieur pour éviter toute distension du greffon.
La rééducation peut être réalisée en ambulatoire auprès d'un kinésithérapeute en ville, ou en centre de rééducation. Cette rééducation nécessite votre entière coopération, pour obtenir les résultats fonctionnels optimaux.
Elle dure en général trois mois.

L'arrêt de travail varie entre six semaines et trois mois, la reprise de la conduite automobile peut être envisagée à partir de la sixième semaine après un examen clinique de contrôle de votre chirurgien.

La reprise des activités sportives comme le vélo et la natation peut être débutée à partir de la sixième semaine, mais comptez six à neuf mois avant de reprendre des activités sportives plus traumatiques.
 

Objectifs

L'objectif de cette chirurgie et d'obtenir un genou stable, sans douleur avec des mobilités articulaires maximales.

Complications

Il s'agit d'une intervention chirurgicale plus complexe que la ligamentoplastie du croisé antérieur, cette intervention, en plus des complications citées dans le chapitre concernant le ligament croisé antérieur présente des complications spécifiques avec notamment un risque vasculaire de lésions de l'artère poplitée lors de la réalisation du tunnel tibial. Pour prévenir cette complication, l'optique peut être positionnée en postérieur, le passage des fraises est par ailleurs contrôlé en permanence grâce à la radiographie réalisée en peropératoire.

En bref

  • Hospitalisation 3 à 5 jours
  • Anesthésie Générale ou locorégionale
  • Durée rééducation 3 mois
  • Arret de travail 6 semaines à 3 mois
  • Reprise du sport Entre 6 semaines et 9 mois

FAQ

Je suis sportif, assez lourd et je pratique le rugby à bon niveau, je sens mon genou instable sur certains mouvements depuis ma rupture du ligament croisé postérieur malgré une bonne rééducation kiné, puis je bénéficier d’une ligamentoplastie d

Oui, les rugbymen présentant une rupture du LCP sont les sportifs les plus demandeurs d’une ligamentoplastie postérieure du genou. En cas d’échec d’un traitement kinésithérapique bien conduit, on propose une intervention chirurgicale pour obtenir un genou stable même dans les mouvements avec contrainte extrême.

Vous m’avez parlé d’un risque opératoire sur l’artère poplitée, à qui s’adresser pour ce type d’intervention ?

La ligamentoplastie du genou nécessite l’expertise d’un chirurgien arthroscopique entrainé à ce type d’intervention. Le compagnonnage chirurgical permet d’apprendre cette technique auprès d’arthroscopistes experts, qui guident nos gestes et nous enseignent leurs astuces. Cet apprentissage doit être répété, avant de pouvoir le proposer à ses patients, et les opérer dans des conditions de sécurité maximales.
Par ailleurs, l’utilisation d’un matériel spécifique permet de limiter les risques vasculaires.
 

L’intervention chirurgicale est elle nécessaire après une kinésithérapie qui a bien diminué la sensation d’instabilité ?

 Non, en général la kinésithérapie de rééducation est suffisante, dans le cas d’un genou stable et indolore, il n’est pas nécessaire de réaliser de ligamentoplastie postérieure.

La rééducation est elle longue après cette intervention ?

 Oui, elle dure 3 mois puis doit être poursuivie encore jusqu'à 9 mois. Les résultats fonctionnels dépendent grandement de cette rééducation.